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Quel statut pour un photographe indépendant ?

Pour développer votre activité en tant que photographe professionnel indépendant, le choix de la forme juridique est primordial. En effet, la forme juridique d’une entreprise définit toutes les règles à suivre, de son mode d’organisation jusqu’au régime fiscal applicable. Ainsi, pour vous lancer en tant qu’indépendant, plusieurs options s’offrent à vous. Pour vous aider à choisir la solution la plus adaptée à votre activité, voici quelques conseils ainsi qu’un descriptif des caractéristiques propres aux différents statuts.

Avantages et inconvénients du métier de photographe indépendant

Au même titre que toute activité exercée à son compte, être photographe indépendant n’est pas de tout repos. Comme vous le savez sans doute, vos revenus dépendront directement de vos clients et de votre volume d’activité. Vous vous exposez donc au risque de ne pas percevoir de revenus stables durant quelques temps, et il est important d’en avoir conscience. Nombreux sont ceux qui décident d’exercer la photographie à titre professionnel en complément d’une autre activité, pour s’assurer des revenus fixes. Mais bien entendu, il est possible d’en faire son activité principale et sa seule source de revenus.

Le métier de photographe reste un métier de passion, qui peut s’exercer de manières bien différentes. Il est également possible de se spécialiser dans des domaines très précis, en fonction de vos compétences et de vos préférences, comme par exemple, la photographie de femmes enceintes, d’animaux, etc. Il existe bien entendu des avantages à travailler en tant que photographe professionnel indépendant, comme la liberté de pouvoir organiser votre emploi de temps à votre convenance, ou la possibilité de donner une orientation précise à votre entreprise, en choisissant un type de client en particulier. Malgré les quelques contraintes associées à ce statut, un photographe indépendant jouit d’une liberté qu’il est quasi impossible de trouver ailleurs.

Quel diplôme pour devenir photographe indépendant ?

Il est possible d’apprendre l’art de la photographie à l’école ou de façon autodidacte. Ainsi, il n’est pas nécessaire de posséder un diplôme en particulier pour exercer cette activité. Toutefois, il est recommandé de suivre une formation pour être certain de maitriser les bases et les exigences du métier. Il existe divers types de formation, accessibles à plusieurs niveaux : BEP, Bac Pro, BTS photographie, ainsi que des études supérieures allant jusqu’au Bac + 5 dans des écoles de photographie. On trouve aussi des formations privées pour devenir photographe, plus ou moins qualitatives. Il convient de prendre le temps de se renseigner en amont pour choisir une formation reconnue et de qualité.

Les différents statuts possibles

Le statut auquel vous serez rattaché va déterminer plusieurs paramètres décisifs quant à votre épanouissement professionnel et financier. Selon le statut juridique pour lequel vous allez opter, vos droits ne seront pas les mêmes sur bien des aspects : protection sociale, régime fiscal, assurance chômage, régime de retraite, etc. Voici un descriptif des différentes options possibles, ainsi que leurs avantages et inconvénients, pour vous aider à faire votre choix.

Auto-Entrepreneur

Le statut de photographe auto-entrepreneur est la formule idéale pour débuter en tant que photographe indépendant. En effet, ce statut réputé pour sa simplicité permet d’exercer votre activité de façon indépendante, sans prendre aucun risque financier.

Avantages

  • Les formalités d’inscription se font en ligne, de manière simple et rapide.
  • Vous pouvez être exonéré de toutes charges sociales les premières années d’activité.
  • Les cotisations trimestrielles ne sont payables qu’après facturation.

Inconvénients

  • Le chiffre d’affaires est plafonné à 70 000€. Une fois ce seuil atteint, il faudra envisager un autre statut.
  • Après un an d’activité, vous serez dans l’obligation de payer la Cotisation Foncière des Entreprises, dont l’auteur-photographe est exonéré.

Auteur-photographe

Un auteur-photographe réalise des œuvres photographiques. Ses clichés artistiques témoignent de sa vision personnelle, mais l’auteur-photographe ne travaille pas pour des particuliers, pour réaliser des photos de mariages ou des portraits par exemple. En plus de récupérer des honoraires, il possède des droits d’auteur sur ses photographies. Si vous souhaitez exercer cette activité sous ce statut, il est nécessaire de vous enregistrer au centre d’impôts, puis de vous inscrire à l’AGESSA.

En réalité, le statut d’auteur-photographe affilié AGESSA s’acquiert progressivement. Avant cela, il faut travailler en tant qu’auteur-photographe en précompte pendant une période minimale d’un an. Pour accéder à l’étape suivante et devenir définitivement auteur, il est nécessaire de passer le seuil de 900 heures au SMIC horaire, soit l’équivalent de 8700€ de chiffre d’affaires environ. Ainsi, un auteur-photographe en précompte ne réalisant pas plus de 8700 € de chiffre d’affaires doit verser 10% de cotisations sociales, sans pouvoir prétendre à une couverture sociale. Une fois affilié, il pourra en bénéficier et payer des cotisations à hauteur de 16% de ses bénéfices, majorés de 15% auxquels il doit rajouter au moins 400€ par an au titre de l’IRCEC. Bien qu’il existe un certain seuil à dépasser pour accéder au statut affilié AGESSA, il n’existe aucun plafond maximum de chiffre d’affaires.

Avantages

  • Cotisations sociales faibles, s’élevant à 16%.
  • Exonération de la taxe professionnelle.
  • Même couverture sociale qu’un salarié, si affilié à l’AGESSA.
  • Taux réduit de 10% pour la TVA sur les honoraires et le droit d’auteur.
  • Possibilité de bénéficier d’une formation professionnelle à hauteur de 7200€ par an, financée par l’AFDAS.

Inconvénients

  • Pas de travail à destination des particuliers. Pour réaliser ce genre de commandes, il est nécessaire de se soumette à un second statut.
  • Pendant la période de précompte, le développement de l’activité peut s’avérer compliqué dans un premier temps à cause du surplus administratif, souvent peu apprécié par les clients.

Artisan-photographe

Ce statut convient davantage à une activité plus commerciale de la photographie. Cependant, ce statut exige de posséder un diplôme de niveau V, type CAP ou diplôme équivalent, ou d’avoir exercé une précédente activité en tant que photographe professionnel pendant au moins 3 ans.

En général, un artisan-photographe réalise de la photographie de mariage, scolaire, de portrait, d’événements privés ou publics, etc. Bien qu’il possède davantage de libertés qu’un photographe auteur, il est plus imposé que ce dernier.

Cette forme juridique offre plus de choix : il est possible de l’exercer en tant que personne physique ou en tant que société individuelle. Il sera alors nécessaire de s’inscrire au répertoire des métiers tenu par la Chambre de métiers de la circonscription administrative où se situe le siège de l’entreprise.

Avantages

  • Possibilité de bénéficier d’exemption des charges en début d’activité.
  • Accompagnement de la Chambre des métiers en début de son projet pour expliquer les formalités, la fiscalité, le volet social et le statut juridique.
  • Possibilité de bénéficier d’une formation gratuite pouvant aller jusqu’à 100 heures par an, afin d’apprendre à établir une stratégie commerciale pour mieux proposer ses services.
  • Possibilité pour un artisan-photographe d’exercer une activité d’auteur-photographe, en cumulant les deux statuts.

Inconvénients

  • Obligation de tenir un livre de caisse chronologique et d’établir des comptes annuels avec bilan et compte de résultat. Ces démarches comptables prennent du temps, et nécessitent davantage de rigueur que pour un auto-entrepreneur par exemple.

Exercer en nom propre ou créer une société individuelle ?

Si vous souhaitez exercer votre activité en tant qu’artisan-photographe, il est possible de créer votre société individuelle, qui sera donc une personne morale à part entière. En effet, cette option présente certains avantages. Voici les différents choix qui s’offrent à vous :

SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle)

La SASU désigne une société par actions simplifiée unipersonnelle. Etant donné que la SASU est une personne morale, indépendante de la personne qui la crée et que la dirige, c’est un bon moyen de se lancer en tant qu’indépendant tout en protégeant vos biens personnels. En effet, en cas de faillite, vous ne serez responsable qu’à hauteur de vos apports. Même s’il s’agit d’une entreprise, cette forme unipersonnelle vous permet d’être le seul et unique associé. Sur le plan social, le photographe dirigeant une SASU est soumis au régime général de la société sociale.

Ce type de société est apprécié pour sa grande souplesse dans son organisation, ainsi que la possibilité de modifier les règles du statut facilement et à un moindre coût. Sachez par ailleurs qu’il est possible de créer une SASU même si vous êtes salarié d’une autre entreprise, à condition de ne pas avoir signé de clause d’exclusivité, et de ne pas être fonctionnaire.

EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée)

L’EURL, qui est juridiquement identique à une SARL, permet à l’individu qui la crée d’être l’unique associé. De la même manière que la SASU, l’EURL permet de créer son entreprise en protégeant son patrimoine personnel.

En tant qu’associé unique de l’EURL, vous serez affilié à la Sécurité Sociale des Indépendants comme Travailleur Non Salarié. Sur le plan fiscal, l’EURL est soumise à l’impôt sur le revenu, mais il est possible de passer à l’impôt sur les sociétés. Toutefois, en partant du principe que les débuts de votre société peuvent être difficiles, vous limiterez les risques en étant imposé uniquement sur votre revenu. Malgré ces avantages juridiques et fiscaux, la gestion d’une EURL nécessite beaucoup de temps et d’organisation.

EIRL (Entreprise Individuelle à Responsabilité Limitée)

La création d’une entreprise individuelle à responsabilité limitée présente les mêmes avantages que pour une société unipersonnelle. Premièrement, vous êtes le seul décisionnaire pour votre activité, et vous avez l’assurance de protéger votre patrimoine personnel. De plus, il est possible de bénéficier d’un aménagement sur le plan fiscal, en décidant si vous souhaitez opter pour l’impôt sur le revenu ou l’impôt sur les sociétés.

Cependant, sachez que la création d’une entreprise individuelle s’avère assez contraignante, car des formalités telles que la déclaration d’affectation du patrimoine, peuvent être exigeantes et engendrer des frais importants. Par ailleurs, les règles en termes de comptabilité son strictes, et vous vous exposez à de lourdes conséquences en cas de non-respect de ces obligations comptables.

Enfin, il est important d’avoir conscience que l’EIRL est un statut qui limite strictement vos capacités d’évolution. En effet, les modifications du statut sont compliquées et coûteuses, ce que n’est pas le cas avec une SASU ou une EURL.

Comment limiter votre responsabilité au maximum ?

En tant qu’entrepreneur, au cas où vous accumulez des dettes professionnelles, vos créanciers pourront saisir vos biens professionnels ainsi que vos biens personnels pour les rembourser. Si vous exercez votre activité sous la forme d’une entreprise individuelle, vous ne vous exposez pas à ce risque.

Dans le cas où vous optez pour un statut d’auto-entrepreneur, qui constitue un bon moyen de débuter votre activité en tant que photographe indépendant, pensez à la déclaration d’insaisissabilité. C’est en effet une manière de protéger vos biens immobiliers. La déclaration d’insaisissabilité est un acte officiel, établi par un notaire, qui présente une liste de biens au patrimoine de l’auto-entrepreneur qui ne pourront être saisis en cas de dettes de l’entreprise. Pour ce faire, voici la procédure à suivre :

  • Faire établir la liste des biens concernés chez un notaire.
  • Payer divers frais, liés en grande partie aux formalités effectuées par le notaire.
  • Faire publier la déclaration au bureau des hypothèques.

Quelle est la meilleure forme juridique pour être photographe indépendant ?

Comme vous l’aurez compris, chaque forme juridique présente des avantages et des inconvénients : il n’existe pas de forme juridique meilleure que les autres. Votre choix devra être effectué en fonction de votre situation et de votre activité. Par exemple, il peut être utile de débuter en tant qu’auto-entrepreneur, car les démarches sont simplifiées et permettent de tester son projet. S’il s’avère que l’activité est en phase de développement, alors un changement de statut sera toujours possible, pour évoluer vers une société. Retenez donc que rien n’est définitivement fixé, et que votre entreprise peut évoluer au cours de sa vie.

Quelques dernières recommandations

Quel que soit votre statut, votre activité en tant que photographe professionnel implique certaines règles. A commencer par des règles de conduite : il va de soi que votre attitude avec les clients doit toujours être irréprochable et professionnelle. De plus, vous devrez vous équiper d’un matériel adapté, dont vous serez responsable en cas de dysfonctionnement. Enfin, il est nécessaire de vous munir de conditions générales de ventes lorsque vous travaillez pour des professionnels. C’est également fortement conseillé si vous exercez pour des particuliers.